Le Caïd Tamazout et le Bachaga Boualam

Mis à jour le 09 septembre 2025

Youssef DJARFI, Président de l'association Force Active des Harkis Rescapés et leurs Épouses (FAHRE) prépare un hommage à l'Assemblée nationale sur les Bachagas.

  • Associations

Saïd Boualam dit le Bachaga Boualam, député algérien et vice-président de l'Assemblée nationale, présidant la séance à l'Assemblée nationale à Paris le 23 janvier 1959 ©Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images

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Bachagha :

Le mot est emprunté au turc, par l'intermédiaire de l'algérien. Il est composé de bash, « tête », et agha, « chef ». Il est parfois simplifié en bachaga tel le bachaga Saïd Boualam. 

Caïd :

En Algérie, le caïd (arabe : قائد qāʾid  « commandant ») est un fonctionnaire placé à la tête d'un douar, fraction d'une commune. Le corps des caïds est organisé par un décret du 6 février 1919 ; jusqu'à cette date, les intéressés étaient désignés comme « adjoints indigènes ».

Les caïds., assistés de khodjas ou Khoudja (du persan خواجه, xâje (ou khâdjé), « maître ») constituent un corps de fonctionnaires. Dans la hiérarchie française du caïdat, le bachagha. se situe au dessus de l'agha qui lui-même se situe au dessus du simple caïd.

Qui étaient nos Bachagas ?

Le Caïd Tamazout et le Bachaga Boualam.

  • Le Bachaga Saïd Boualam (1906–1982)

    • Naissance :
      2 octobre 1906, à Souk Ahras (Algérie).

    • Décès
      8 février 1982, à Mas-Thibert (Arles, France).

    • Carrière militaire :
      Capitaine puis colonel dans l’armée française, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, décoré de la Croix de Guerre 1939–45, Croix de la Valeur militaire, Croix du Combattant, Commandeur de la Légion d’honneur.

    • Autorité traditionnelle :
      Bachaga (haut dignitaire) des Beni Boudouane, dirigée dans l’Ouarsenis où il forma une harka (milice supplétive) de 1 500 harkis.

    • Engagement politique :

    • Après 1962 :
      Il sauve sa harka du FLN, rapatrie en France 66 membres de sa famille le 18 mai 1962, et se retire en Camargue à Mas-Thibert, devenant agriculteur.
      Président du Front national des rapatriés musulmans et membre d’une commission nationale en 1979.

    • Lettres & mémoire :
      Auteur de « Mon Pays, la France » (1962), expression de loyauté et de douleur devant la tragédie Harki.

  • Le Caïd Tamazout

    Frère aîné du Bachaga Boualam (mon grand-oncle)

    • Figure similaire à Boualam :
      gouverneur et médiateur entre populations musulmanes et pouvoirs français.

    • Acteur de la Grande Guerre (14-18), Seconde Guerre mondiale, Indochine, et guerre d’Algérie :
      décoré pour ses services.

    • Assassiné pendant la guerre d’Algérie, trahi par le chaos. 
      (Les sources spécifiques à Tamazout n’ont pas donné ses dates exactes de vie ; ce récit est basé sur notre mémoire familiale.)

  • Leurs rôles et l’esprit de la harka

    Les Bachagas étaient plus que des chefs militaires :

    • Autorités traditionnelles
      Ancrées dans l’histoire tribale, désignées comme médiateurs entre les communautés et l’administration coloniale. "Bachaga" signifie “tête” (bash) du “chef” (agha) Wikipédia.

    • Chefs de Harka : 
      Dirigeants de milices supplétives, souvent intervenant dans la sécurité locale, le maintien de l’ordre, notamment contre les mouvements indépendantistes.

    • Députés élus : 
      Représentants politiques légitimes, élus par les Algériens musulmans, offrant une vraie fenêtre démocratique dans le système colonial.

    • Héritiers républicains : 
      Ils incarnent une culture d’engagement républicain, que l’on peut considérer comme les premiers pionniers d’une démocratie moderne en milieu musulman algérien, dans un contexte violent et meurtri.

En résumé

Ces deux figures emblématiques — le Caïd Tamazout et le Bachaga Saïd Boualam — représentent une algèbre unique :
L’alliance de la tradition et de la modernité, du chef tribal et du parlementaire, de la loyauté à une patrie et du devoir envers son peuple.

Leurs parcours démontrent que la France coloniale, malgré ses crimes, a aussi semé les graines d’une participation démocratique musulmane, aussi fragile soit-elle, et qu'il est essentiel de la reconnaître et de la transmettre.

À écouter sur France Culture :

Série « Au Mas Thibert avec Saïd Boualam, figure tutélaire des Harkis »

Épisode 1/3 : Bachaga Boualam : itinéraire et engagements d'un dignitaire harki, diffusé le mercredi 2 avril 2025

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