Fiche de lecture : « À la croisée des mémoires – Les harkis et la cité royale » de Michel Talata
Mis à jour le 10 octobre 2025
Par l’intermédiaire de métaphores et de symboles, portées par une musique tout aussi troublante, Michel Talata nous plonge dans une expérience à la fois angoissante et envoûtante.

Prix général F. Meyer « À la croisée des mémoires - Les Harkis et la cité royale »
Par l’intermédiaire de métaphores et de symboles, portés par une musique tout aussi troublante, Michel Talata nous plonge dans une expérience à la fois angoissante et envoûtante.
Il y retrace l’histoire de l’Algérie, depuis les débuts de l’Empire colonial français jusqu’à ses répercussions les plus actuelles.
Toutefois, l’auteur s’efforce de dépasser le clivage entre colonisateurs et colonisés, afin d’offrir un espace où l’histoire complexe et douloureuse des harkis peut être racontée, et, à terme, ouvrir la voie vers la réconciliation des mémoires.
« Être harki, être enfant de harki, c’est être entre deux camps. L’identité Harkie émane de cette dualité. Cette caractéristique pousse à essayer de réconcilier les mémoires »
Fiche de lecture
Le court-métrage trouve son origine dans une commande de la préfecture de l’Eure-et-Loir. Il retrace l’histoire de l’Algérie, de 1830, l’année marquant le début de sa colonisation par la France, jusqu’à aujourd’hui. Réalisé en 2022, à l’occasion du soixantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, À la croisée des mémoires s’inscrit dans la continuité du travail de réconciliation entrepris par Michel Talata (L’Écho républicain, Valérie Beaudoin, 19/05/2023).
La narration de l’histoire coloniale et postcoloniale de l’Algérie est ici divisée en neuf parties, chacune conçue comme une page de l’histoire. Chacune de ces étapes est mise en scène avec un support graphique élaboré avec soin, qui ne se limite pas à illustrer le récit mais en propose une lecture visuelle et symbolique.
À travers ce court-métrage, Michel Talata interroge la complexité du « choix », qu’il refuse de réduire à une simple dichotomie entre une Algérie indépendante et une Algérie française. Leur engagement ne peut se comprendre que comme l’aboutissement d’un long processus historique, dont les racines plongent dans les premières heures de la conquête, dès 1830.
Ce film d’animation questionne également la mémoire : son rôle dans la construction de l’identité, le fardeau du silence qui l’entoure et l’impératif de sa transmission. Le support utilisé permet de se distancier du réel et ainsi de mieux appréhender les enjeux douloureux et complexes autour de l’histoire des harkis.
Présentation de l’auteur
Diplômé des Beaux-Arts, Michel Talata se définit comme artiste plasticien. Fils de harki, il grandit à Dreux dans un contexte marqué par le silence autour du passé familial et une distance avec ses racines algériennes. Cette déconnexion, vécue comme une crise identitaire à l’adolescence, a pris une dimension nouvelle avec la parentalité, faisant émerger la question centrale de l’identité et de sa transmission. C’est à ce moment qu’il entame un véritable travail de mémoire à travers l’art.
En 2012, il inaugure le Centre d’art contemporain de Dreux avec Harki-Ikrah (Mouvement/Contrainte), une exposition consacrée à l’histoire des harkis. L’année suivante, il poursuit cette démarche avec la publication du livre illustré Le Choix de l’Ogre, qui aborde cette mémoire à travers la relation entre un père et son fils.
Son travail se déploie pleinement en 2022 avec le court-métrage À la croisée des mémoires, réalisé à l’occasion du soixantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. Cette œuvre, à la frontière entre fiction et documentaire, retrace l’histoire coloniale et postcoloniale de 1830 à nos jours tout en explorant une dimension plus intime : le rôle de la mémoire dans la construction de l’identité et la nécessité de sa transmission. À travers dix illustrations, le film met en lumière un héritage souvent tu, en faisant de l’art un médium privilégié pour exprimer une mémoire douloureuse et complexe. Le traitement symbolique et poétique de ses créations permet de prendre de la distance avec le réel, afin d’aborder plus sereinement les blessures liées à l’histoire des harkis.
Ainsi, l’œuvre de Michel Talata s’inscrit dans une démarche à la fois artistique et mémorielle, qui cherche à interroger les silences de l’Histoire et à leur donner une forme sensible, accessible et transmissible.
Comment Michel Talata, originaire de Dreux, crée une mémoire commune autour de l'histoire coloniale
Non pas « L’Art de perdre », mais l’art pour ne pas perdre la mémoire harkie
La Commission recueille la parole des Harkis,
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