Youtube - L'histoire du camp harki du Vigeant dans la Vienne
C'est un camp oublié de l'histoire.
Une quarantaine de baraques réparties sur 150 hectares à quatre kilomètres du bourg du
Vigeant. Entre 1962 et 1964, des centaines de familles venues d’Algérie ont vécu ici. Cinquante et un ans après tous les bâtiments sont encore debout
Fatima Besnaci-Lancou la présidente de l'association harkis et droits de l'homme découvre l'endroit pour la première fois :
FBL « Ho, je suis, mais absolument, je suis bouleversée de voir ça parce que j'imagine ces gens arriver comme ça après une fin de guerre. Des gens qui ont été poursuivis dont certains avaient des membres de leur famille tués et d'arriver là, d'être mis à l'écart de la population, et en fait être au milieu de nulle part. »
Fatima va à la rencontre de quelques témoins de l'époque. La plupart ont travaillé dans ce camp.
FBL « Moi, j'ai vécu pendant quinze ans dans les camps et croyez-moi, je pense que je pensais être aguerri de tout ça, mais à chaque fois que j'en vois un, je suis complètement bouleversée. »
H1 « Tous les logements avaient un poêle et une cuisinière à bois, à bois et à charbon et on les fournissait en charbon et en bois. Toutes les semaines, il était alimenté, gratuitement hein, c'était donné quoi ! »
Voici les seules images de ce camp ont tourné en 1963 le Vigeant-Larry était l'un des six camps de transit des harkis à la fin de la guerre d’Algérie, il devient un centre professionnel de formation dans le bâtiment il a accueilli au plus fort de son influence un millier de personnes dont près de la moitié étaient des enfants
H2 « C'est pas du tout un camp fait pour être un camp définitif donc on va avoir beaucoup de mouvement certains vont rester trois mois quatre mois et vont pouvoir partir parce qu'ils ont trouvé un logement. Enfin plutôt excusez moi, ils ont trouvé un emploi puisque avec l'emploi devait aller le logement ceux qui n'avait pas de formation ceux-là vont rester en moyenne 15. 16 voire 18 mois. »
Il reste quelques photos de ce passé. À l'époque, le camp était dirigé par des militaires et il y avait même une école pour apprendre le français.
H1 « C'était qu'un cours préparatoire pour ceux qu'avaient 3 ans jusqu'à 14 ans. »
H3 « 35, 40 par classe, autant on pouvait loger de table et puis de chaises. »
Durant nos recherches, aucune famille ayant vécu au Vigeant n'a souhaité témoigner. Pas envie de remuer un passé encore douloureux. Seule trace visible de ce passage le petit cimetière situé à l'écart du camp six tombes presque anonymes.
H1 « La première, c'était une grand-mère de l'âge, j'me souviens pas, l'était assez âgée, quoi. Ah ouais, l'était très âgée. Puis après, c'était une petite gamine, de j'men rappelle plus, de 5, 6 ans, quelque chose comme ça et puis après des personnes âgées quand même qui ont suivi quoi. »
FBL« C'est, ce lieu résume à lui tout seul en fait l'abandon des harkis. »
Abandon et aujourd'hui disparition de cette trace de l'histoire méconnue. Le département de la Vienne a décidé de raser ce camp.
Mairie « Nous, la commune, on demande instamment donc, que ces travaux soient fait le plus vite possible. Parce que pour nous, comme je dis et redis à chaque fois que la question est posée, pour moi, c'est une verrue et cette verrue, je veux qu'elle disparaisse. Dans trois mois, il ne restera rien de ces baraques. »
Seul le petit cimetière témoignera du passage de ces familles de harkis dans la vienne.